CAMILLE BERNARD, LÉNA GAYAUD – TENDRES PAUMES

TENDRES PAUMES

ARTISTE:
CAMILLE BERNARD, LÉNA GAYAUD

DATE:
13.09.24 – 14.12.24

LIEU: 
CACN, NÎMES

GRAPHISME:
MARIE-MAM SAI BELLIER

IMAGE
© THELMA GARCIA

La paume, cette zone de la main située entre le poignet et la base des doigts, symbolise la capacité de saisir, de contenir et d’exprimer une attente, un doute ou un désir. Elle devient le vecteur tantôt d’un labeur tantôt d’une introspection. Les mains expressives et gigantesques se retrouvent contorsionnées ou jointes dans les peintures de Camille Bernard ; leurs actions sont rappelées par le tressage patient des paniers en céramique de Léna Gayaud.

Passage, chemin, l’exposition se raconte comme une promenade et progresse vers un récit de l’égarement et de la perte : un jeu visuel et de langage qui rappelle que l’on peut se « paumer ». Les œuvres témoignent des parcours que ces deux artistes effectuent dans leurs territoires respectifs, traduisant leurs propres cheminements intérieurs et leurs troubles.

Par l’écriture héraldique, c’est-à-dire la connaissance des blasons, Léna Gayaud retrace un paysage mental. Elle rassemble des éléments tels que des pieds, des os, des chiens pour codifier un territoire géographique et intime, celui de la garrigue et des bartas; une sorte de boussole dans l’isolement de l’atelier. Au fur et à mesure des toiles, la nature et les états émotionnels rentrent en tension et se confondent. Dans un état d’avancée et d’inertie, les personnages de Camille Bernard sont dans des positions d’attentes tandis que les paysages témoignent d’un mouvement. Ils apparaissent en miniature dans le creux d’un visage, s’assimilent avec leurs attributs, renforcent les cadrages serrés, les pensées tourmentées.

En évoquant le reste, la trace, le vide, l’espace laissés après un passage, et en s’inspirant des “ruines capitalistes” développées par Anna Tsing dans Le Champignon de la Fin du Monde, cette exposition transcrit doute et réconfort, à l’horizon d’un avenir chancelant. S’intéresser aux ruines ne signifie pas contempler un paysage désolé mais apprendre à saisir ce qui s’y passe discrètement. Les ruines portent en elles une forme de récit, “qui nourrit l’imaginaire et la sensibilité” et amène à repenser ce qui pourrait être considéré comme “réactionnaire, dérisoire ou insignifiant”. Tendres Paumes invite à une célébration de la quête et du tâtonnement, un hommage aux traces laissées et aux futurs possibles.