À l’occasion du festival PAC, SISSI club présente EN GESTATION, FUMAR MAMAR, JE DIGÈRE, exposition personnelle d’Estel Fonseca.
Estel Fonseca, artiste franco-portugaise, basée à Marseille, travaille la sculpture, l’audiovisuel, le texte et la performance : une approche de l’installation qu’elle qualifie d' »éclatement plastique ». Pour ce nouveau projet, l’artiste propose une analyse sensorielle, plastique et théorique des corps en gestation à partir d’expériences intimes et explore:
La naissance comme transformation des corps existants
La maternité
Le métamorphique
L’expérience du corps malade ou contraint
Le passage du mouvement et la fixité
Les liens psychiques et les transmissions familiales
Les fonctionnements inconscients
Les volumes comme représentation symbolique
Le chaos qui prend forme
Les symptômes
Élaboré durant sa grossesse, nourri par son accouchement et son expérience de la maternité, cette exposition interroge le processus de gestation sous un angle organique et inclusif. La grossesse est ici abordée comme une phase matérielle, une puissance d’invention, un changement de comportement biologique et organisationnel, comme pourrait l’être la maladie si elle était sortie de sa conception négative dans le système médical occidental.
Divisé en deux espaces, EN GESTATION, FUMAR MAMAR, JE DIGÈRE se déploie dans la matrice utérine et l’espace chaleur, jouant sur la dualité entre entropie et néguentropie.
L’entropie est un ordre de grandeur physique décrivant le degré d’augmentation du désordre – ou d’affaiblissement de l’ordre – d’un système, d’une matière. Son revers, la néguentropie équivaut aux facteurs d’organisation des systèmes physiques, biologiques, écologiques, sociaux et humains s’opposant à la tendance naturelle à la désorganisation du vivant.
Par ces principes, Estel Fonseca cherche à rendre visible les processus d’élaboration de ses formes et de son vocabulaire sculptural: la collecte, l’amoncellement, l’agglomération, la contamination.
MATRICE UTÉRINE
Estel Fonseca crée une installation sculpturale in situ qui transforme l’espace en une métaphore de la capacité d’accueil, de mutation, d’héritage de l’utérus. Elle y traite des thèmes de la psychogénéalogie, de la maladie de sa mère, des polarités et de l’équilibre, de la sexualité créatrice.
Sur un cordeau de chantier rose fluo – à la fois figuration d’un œuf, vision circulaire du temps et dispositif d’accrochage en mouvement – l’artiste y place un ensemble de « VOLUMES » issus de séries réalisées entre 2008 et 2024. Ces compositions évolutives sont inspirées par la morphogénèse, c’est-à-dire le processus de la naissance des formes. Au sein de ceux-ci, les « VOTOS » sont contaminés par la question du contact et de l’aura. Ces objets sont des reliquats, représentatifs d’épreuves et de situations vécues, des objets touchés par un évènement, par un symptôme. Les « ASSISES », réalisées avec des éléments collectés, engloutis dans du plâtre, métaphore d’un placenta comme coussin, sont enfin destinées à accueillir les corps d’un public pour une activation performative.
CHALEUR
Dans cette seconde installation, Estel Fonseca s’appuie sur les caractéristiques du lieu de l’exposition (verrière, soleil, serre) pour sonder « la surchauffe informatinelle » comme l’un des facteurs déclencheurs du réchauffement climatique, « qui met à mal la terre-mère ainsi que nos corps-cerveaux ». L’artiste présente trois nouvelles productions, symboles d’une force néguentropique qui ordonne les objets pour palier au chaos, lui donner du sens.
Les sculptures murales nommés « TERRAINS » rassemblent des to-do list de l’artiste de 2020 à 2024 ainsi que des déchets (pansements, contenants de lentilles optiques, tubes homéopathiques, etc.). Mais à l’encontre d’une idée de la cartographie, d’une technique, d’un domaine d’étude, les « TERRAINS » sont la matérialisation d’un amoncellement de paysages mentaux, psychanalytiques et viscéraux.
Les « FORMES GRAVITAIRES » comme la matière d’une entropie à négativer, cachent au sein d’elles une composition sonore ENTROPIA,SURCHAUFFE. Consituées de 8 enceintes bluetooth, elles diffusent des archives personnelles d’Estel triturées et transformées par Caetano.
Les « AXES ÉPINGÉNÉTIQUES » sont des sculptures récurrentes dans le processus de l’artiste. Fonctionnant comme une phrase – le métal est engendré par la terre qui nourrit l’eau qui donne naissance au bois – les matériaux s’articulent et s’érigent. Par des combinaisons polysémiques et somatiques, Estel Fonseca cherche à décortiquer ce qui compose le vivant, et démontre l’enchevêtrement des systèmes par l’expression d’une émotion enfouie, ici mise à nue.
La déclinaison en 6 balais compose alors des formules d’acceptation et d’expiation: je balaie mon sentiment d’impuissance : j’accepte ; je balaie la fixité ; nous sommes un flux ; je balaie l’amer : l’ouverture de la mer, sublimation possible ; je balaie la surchauffe informationnelle : faire taire le mental ; je balaie « déborder c’est mourir » : lascia perdere.