LONG-DISTANCE CALL

LONG-DISTANCE CALL

ARTISTE:
MAÏLYS MOANDA, PRUNE PHI, QUENTIN FROMONT, ZOE METRA

DATE: 30.03 — 20.04

CURATOR:
ANNE VIMEUX, CORENTIN DARRÉ, ÉLISE POITEVIN

GRAPHISME:
MARIE-MAM SAI BELLIER, BAPTISTE POLIGNÉ

IMAGE
© CORENTIN DARRÉ, ÉLISE POITEVIN

L’exposition collective Long-distance call réunit la pratique de Maïlys Moanda, Prune Phi, Quentin Fromont et Zoe Metra. Par ce titre, celle-ci évoque l’appel comme adresse à l’autre, et à soi-même : une invitation à laisser ressurgir les sentiments, mémoires, fantômes qui sommeillent.

Au cœur de la psyché, dans la brume de l’esprit, les œuvres matérialisent des relations qu’elles soient corporelles, sensuelles, rituelles, mentales ou encore digitales. Entre deux eaux, l’exposition tend à révéler la malléabilité du souvenir, sa fragilité, son effritement, entre réalité et fiction. Long-distance call invoque des apparitions, des petites morts.

Dans sa peinture, Maïlys Moanda retranscrit des scènes intimistes par des expériences fluorescentes et hypnotiques. « Ses souvenirs », pour reprendre ses termes, aspirent le regard avec un effet de vortex. Comme un trip acidulé, elle joue sur la vibrance des contrastes fluorescents et glossy en même temps qu’elle laisse des réserves, des contours indéfinis, inachevé, en suspend. L’artiste dévoile ici une introspection en trois chapitres. Tandis que dans Fly kisses! et Past fiction, trouble l’exercice de l’autoportrait en superposant, joue contre joue, le visage d’un être aimé, No more tears métaphore picturalement une expérience de hors-corps.

Dans la série Hang Up, Prune Phi se réfère à la culture visuelle de la vie nocturne vietnamienne, et notamment les différents éléments de décor des scooters. En même temps qu’elle capture des images, compose et assemble, elle détruit, déchire et brûle pour traduire plastiquement la dissolution et la recomposition de la mémoire. Ici, par une deconstruction de la matière même de l’engin, elle utilise des plaques d’acier, des boulons, ou du métal en fusion. L’artiste puise son inspiration dans le champ lexical de la téléphonie et d’internet — Long-distance call, Speak louder if you can, @ — métaphore d’une transmission brouillée, défaillante, rompue. À travers cette exploration sémantique, l’artiste partage ses expériences à la recherche de récits personnels, diasporiques, scrutant les manques et l’oubli comme passage vers un monde fictionnel, un au-delà.

Quentin Fromont s’intéresse aux fantasme, comment ils permettent de dépasser les limites du corps et ses atteintes. Il expérimente l’image, dans sa matérialité, sa liquidité, fait couler les encres à l’aide d’eau ou de salive, amalgame ainsi les images de corps masculins à partir de films pornographiques ou d’archives personnelles. Visions idéalisées ou hallucinatoires, ses représentations photographiques, altérées et brumeuses, laissent apparaître des corps en tension, enlacés et interpénétrés. Dans cette temporalité flottante, érotique, le désir, l’attention, la lutte et la violence des corps se font sentir, par contraste, dans les interactions de ses présences spectrales. En regard, l’œuvre Autel déplace le travail photographique en tant qu’objet. En empruntant aux formes du religieux, et en déposant l’image comme une offrande, l’artiste trouble la lecture de la maladie, de la guérison.

Dans sa pratique, Zoe Metra se réfère à l’enfance, l’adolescence comme des espaces mentaux à re-explorer, traverser. À travers films, photographies, et installations, elle procède par assemblage d’éléments emblématiques de la culture visuelle des années 2010, lui permettant de créer des univers narratifs déviant de leur lectures initiales. Dans Still ou 24/777, elle utilise des objets ou des espaces reconnaissables comme des puzzles ou des aires de jeux, qu’elle déplace vers des mondes parallèles, par la voix, par le récit qu’elle y appose, ou les images qu’elle associe. Ces œuvres sont des espaces de repli, des chambres, pour des personnages marginaux et étranges, trop sensibles pour s’exposer au réel. Elle y donne, dit-elle, la parole à celleux qu’on ne voit pas, celleux qui se cachent en nous-mêmes. En fictionnalisant des objets, en déformant des espaces familiers, elle crée une perturbation, un frisson, en confrontant l.æ spectateur.ice à ses propres troubles.