Cet accrochage présente le travail de Camille BERNARD et Corentin DARRÉ, et met en regard leurs œuvres comme des légendes aquatiques, mélancoliques et inquiétantes.

Dans la série « Seuil » de Camille BERNARD, l’eau semble appeler les personnages à réagir, devenant un vecteur de changements, de mutations et de possibilités : un miroir, un reflet, une surface d’introspection et de questionnement. En figurant les rives et les bordures, l’artiste dépeint des « écotones », une zone de transition écologique entre deux écosystèmes. De ces territoires liminaux découlent des scènes d’interaction et de transformation entre humain.e.s et nature dans une instabilité palpable.

Le conte de Corentin DARRÉ, Òme d’aiga, nous plonge dans une expérience physique à la manière d’un escape game. À mesure que le plomb s’infiltre jusque dans les cœurs et que les roseaux s’imprègnent de goudron, se révèlent la stigmatisation et la marginalisation de communautés invisibilisées. Mêlant mythologies médiévales et scripts numériques, Corentin DARRÉ relie l’hostilité de la nature et le rejet des corps queer via la notion de contamination.

D’apparence paisibles et candides, les œuvres laissent ainsi place à l’ambiguïté et l’inconfort que procure l’observation d’un avenir incertain.