Bordées de rideaux pourpres, parcourues de toiles d’araignée, les œuvres témoignent d’une désuétude. Dans ces pièges de soie, les éléments sont capturés. Les mouchoirs évanescents pris dans un tourbillon de chagrin ont terminé leur voltige. Les binious bavards, aux allures de cygne de noir, restent silencieux. Veuve et Ombre siègent, inertes, dans l’attente des trois coups. Sur la tranche des peintures, les flacons thérapeutiques s’invitent comme un remède pour elle, pour nous, et pour ces fantômes à l’âme tourmentée.
“La peinture s’ennuie sur le mur, se lasse » dit l’artiste.
Dans l’espace d’exposition, elle leur confère, à l’instar d’une marionnettiste ou d’une ventriloque, un nouveau rôle.
Il suffit de lever le voile de ce décorum lugubre pour apercevoir sur le visage de la Veuve, un pif rouge, au-dessus du piano, une flaque de fête, sur des morceaux de tissus, des saynètes orgiaques, et au fond d’une toile des immeubles ivres de jazz. Sur le damier noir et blanc éclatant se joue le désir d’une scène, celle où pantomimes et instruments, sortis de la toile, s’activeraient et vacilleraient.
Ainsi, quand la performance finit par advenir, la peintresse, en cheffe d’orchestre, parfait ce bousculement des frontières, jusqu’à se demander qui joue pour qui, et qui en est le public.
Star of Bethlehem, Beech, Gorse, par ce titre emprunté aux Fleurs de Bach, comme une épiphanie, l’artiste explore les possibles formules de réparation et d’apaisement.