HaYoung joue sur les modalités de production et de formation d’une image, générées par la main ou par intelligence artificielle. Iel travaille sur les propriétés des matériaux, ni liquides, ni solides ou ductibles et crée des compositions comme une agglomération de pixels. Métal, verre, latex, silicone, aluminium se ramollissent, se transforment, se modèlent, comme des mues, des peaux-mortes. Pour The life story of GD, l’artiste narre l’histoire du Google Dinosaur à la recherche de quelqu’un pour gratter son nombril, une cicatrice originelle, un orifice bouché. Cette course sans fin dans le désert devient le sujet d’une crise d’existence. Questionnant les identités composées, décomposées, recomposées, iel traite ainsi de ce qui se déconstruit, de ce qui se régénère et de ce qui mute dans les structures établies qui l’encercle comme des loops. En désarticulant le langage informatique binaire, iel défend un propos qui se situerait entre le 0 et le 1. Dans ces trous, ces interstices,HaYoung invente de nouvelles formes de langage, virtuelles et organiques.
Sarah Netter travaille à partir de chutes, de restes pour créer des formes planes ou en volumes. Attiré.e par ce qu’iel nomme des « motifs vénères », iel perturbe l’attention avec des associations « criardes », des superpositions de textures « cheap », des jeux de brillance « girly » et des graphismes « hasbeen ». Dans Sauce, un pied, un peu sexy, un peu trollesque, dit « grrr ». Chaussés d’une langue poilue, ses orteils sont recouverts d’une capuche rose fluo qui laisse apparaître un zip comme un sourire. En émane une voix, suave et kinky, qui explore ce qui est « hot ». Par ce jeu sur les sens visuels et tactiles, iel déconstruit des appréhensions de goût, reflets de catégorisations de classe, de race, de genre. Réutilisant des éléments issus de fabrication industrielle, Sarah Netter délivre des œuvres malléables et mutables, conscient.e de problématiques économiques et écologiques. C’est alors en vertu de la non-technicité, de la non- hiérarchie qu’iel propose des corporalités réelles et fictionnelles.
P A T A T I P A T A T A
évoque des bavardages intarissables ou une suite de paroles qu’on ne peut deviner. Parti.e.s du langage, de l’accessibilité et des intraduisibilités, iels se détachent d’éléments signifiants pour inventer d’autres imaginaires, ni complètement abstraits, ni complètement figuratifs, perdus dans la sémantique. Iels amènent à triturer des manières de communiquer, à partir de la « matériologie-organicité » et travaillent sur les possibles assemblages de corporéités multiples. En portant leur attention sur des « choses » invibilisé.e.s, iels donnent voix à ce qui est caché.e, incompris.e.
Pour HOT POTATOEX, like mashed potatoes, iels écrasent, mixent, mélangent communément et à tour de rôle, en se refilant la patate chaude. À rebours d’une recherche d’unité, et à travers la notion d’embodiement, iels cherchent, dans le collage, la contradiction, l’erreur, le bug, afin d’en montrer les couches, les épaisseurs, les layers.